Ne faites pas un bonsai avec n'importe quoi

Il y a des espèces qui se prêtent plus à créer un bonsai que d'autres. Mais contrairement à ce que certains peuvent laisser croire, au sein d'une même espèces tous les arbres ne se valent pas. Nous recherchons certaines qualités, essentielles esthétiques, et si elles ne sont pas présentes vous passerez énormément de temps à les corriger sans forcément en tirer beaucoup de plaisir. Il est temps d'arrêter la langue de bois et de plonger au coeur du sujet.

Ne faites pas un bonsai avec n'importe quoi

Je me souviens de mes débuts dans le bonsai, j'étais plutôt un cultivateur de boutures en pot. Et tout a changé lorsque j'ai commencé à me former auprès de personnes qui connaissaient vraiment cet art. Le formateur faisait souvent tourner l'arbre que je voulais travailler sur un plateau tournant, il le regardait, et avec un regard en coin il me disait : ce ne sera jamais un arbre remarquable. Je trouvais cela très dur, voir injuste, et j'ai mis du temps à comprendre.

Cette remarque ne se voulait pas désobligeante, mais lorsque l'on veut pratiquer le bonsai, il faut du matériel avec un minimum de qualités. Au fil des semaines j'ai ouvert les yeux, et j'ai compris qu'il avait raison. Et c'est à ce moment que j'ai vraiment commencé à faire du bonsai.

Des arbres trop jeunes, qu'il va falloir cultiver

Je vois beaucoup de personnes se lancer dans le bonsai avec des arbres immatures. Certes on apprend la culture. Même si savoir cultiver est un aspect fondamental de la pratique du bonsai, c'est aussi passer à côté de l'essentiel. Regarder pousser son arbre ce n'est pas faire du bonsai. Par contre le ligaturer, le tailler et lui faire prendre progressivement cette patine qui va le transformer progressivement, ça c'est faire du bonsai.

Pire, je vois des amateurs prélever des petits arbres en forêt. Quel intérêt par rapport à aller en jardinerie et acheter un arbre deux fois plus gros pour quelques euros ?

Une simple équation mathématique

Prenons un exemple, vous achetez un bonsai à 50 euros, et vous allez le travailler lors d'un atelier, un stage ou dans une école. La plupart du temps ces formations sont payantes, en moyenne 100 euros par stage. Au total vous avez dépensé 150 euros (sans compter les éventuels frais de route ou de repas). Mais au final, après le travail, est-ce que votre arbre vaudra 150 euros ? Vous connaissez déjà la réponse.

N'aurait-il pas mieux valu que vous dépensiez cette somme dans un arbre de plus grande qualité ?

Non seulement on apprend beaucoup mieux quand on travaille un arbre de qualité, mais c'est également plus gratifiant.

Quand vous avez un beau sujet, et que vous passez un week-end entier à la travailler, croyez moi vous lui faire franchir une étape importante. Et lorsque vous le reposez sur son étagère, un sentiment de fierté vous envahie.

Car finalement le problème c'est bien celui-ci. En France nous souffrons du syndrome de « C'est moi qui l'ai fait !» Nous avons ce désir de faire les choses nous même, comme si notre égo avait plus de valeur que l'arbre lui même.

Pour moi, prendre le temps de réfléchir à cette question a été l'occasion d'une profonde remise en question. C'est avant tout une démarche personnelle durant laquelle j'ai pris conscience que certaines personnes sont plus compétentes que moi sur certains sujet, et qu'il faut les mettre à profit pour élever le niveau de mes arbres.

On ne fait pas un bonsai avec un rebus du jardin

Mon voisin a récemment arraché sa haie, les souches allaient partir à la benne. Voilà une bonne occasion de récupérer quelques arbres pour en faire des bonsai !

Et bien non, j'ai tout laissé. Car ces arbres n'avaient pas les qualités requises pour faire un bonsai. Il y a des critères essentiels tels qu'une belle base racinaire, une ligne de tronc intéressante, absence d'inversion de conicité. On peut accepter certains défauts à conditions que l'arbre présente également d'autres qualités remarquables.

Accepteriez-vous de préparer à diner avec ce que vous trouvez dans la poubelle de votre voisin ? Même si nous vivons dans une société dans laquelle nous gaspillons beaucoup, le plus grand des chef aura du mal à vous cuisiner quelque chose de bon.

Un grand plat se cuisine avec des ingrédients de qualité. En bonsai c'est pareil.

Ce n'est pas parce que c'est gratuit qu'il faut forcément en faire un bonsai. Ce n'est pas parce que vous voyez un arbre à quelques euros qu'il faut l'acquérir pour en faire un bonsai. Prenez le temps de sélectionner, trier, écarter, et ne retenir que le meilleur. Au lieu de dépenser votre énergie à travailler des arbres sans intérêt, utilisez cette énergie à trouver des arbres intéressants.

Le bonsai, une passion pour ceux qui en ont les moyens ? Et les autres ?

Certaines personnes sur internet véhiculent l'idée que l'on peut pratiquer le bonsai avec très peu de moyens. C'est faux. Toute passion, tout loisir, demande un certain investissement financier. Lorsque vous vous inscrivez dans un club de sport, vous devrez payer une licence, acheter un équipement de base, vous déplacer pour les compétitions, etc. C'est au minimum quelques centaines d'euros par an. Pourquoi cela serait-il différent avec le bonsai ?

Donc oui, si vous voulez vraiment faire du bonsai, il va falloir mettre la main au porte-feuille. Je ne dis pas pour autant que c'est une passion élitiste réservée à quelques personnes aux ressources financières conséquentes. Mais entre les deux il y a un juste équilibre, qui dépend de chacun d'entre nous.

J'entends déjà les reproches, et que je ne pense pas à ceux pour qui les fins de mois son difficiles. Ils n'ont pas tort, mais nous vivons malheureusement dans un monde où nous devons faire des chois et où certaines choses sont moins accessibles que d'autres. C'est la dure réalité de la vie.

Faut-il pour autant se lamenter, pleurer sur son sort et être en colère contre notre société ? Non, au contraire bougez vous !

Beaucoup d'amateurs qui ont de beaux bonsais ne roulent pas sur l'or. Et la plupart ont su se créer des revenus complémentaires pour financer leur passion. Nous avons tous des qualités, un savoir, une compétence qu'il est possible de monnayer pour gagner de quoi financer une partie de sa passion. C'est juste une question de motivation. Malheureusement beaucoup ne l'ont pas ou ne veulent pas faire cet effort.

Bruno, alias Vital Bonsaï
Avant tout, un passionné de bonsaï
Le bonsaï peut parfois paraitre complexe et déroutant, surtout pour les débutants. Je te donne des conseils pratiques avec surtout de bonnes bases de culture pour que tu puisses progresser dans cet art.
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