Je me souviens d'une discussion lors d'une exposition à laquelle j'avais participé il y a quelques années. Un visiteur était subjugué par certains bonsais et nous commençons à bavarder. Son regard a changé lorsqu'il a compris que les bonsais ne sont pas des espèces particulières d'arbres mais qu'il est théoriquement possible d'utiliser n'importe quel végétal qui fait du bois (arbres, arbustes, lianes).
Cela dit, entre la théorie et la pratique il y a parfois un écart important car tous les arbres ne sont pas adaptées à la création d'un bonsai. Le principal critère est la taille des feuilles ; nous sélectionnons en priorité les variétés qui font naturellement de petites feuilles quand elles sont cultivées en pot.
Lors des expositions nous voyons souvent les mêmes essences : érables, pins, genévriers sont les plus représentatifs. Mais ce ne sont pas pour autant des espèces particulières génétiquement modifiées pour rester naines. Non, ce sont les mêmes que celles qui poussent dans la nature, et la nanification est une conséquence de la culture en pot.
En limitant l'espace disponible pour les racines, l'arbre doit s'adapter. C'est typiquement ce qui se passe en montagne lorsque l'on voit ces pins ou ces genévriers qui poussent à même la roche, juste dans un peu de terre ou avec des racines qui se faufilent dans n'importe quelle crevasse qui lui permet de capter un peu d'eau et de nutriments. Ces arbres sont souvent centenaires et sont restés nains. Comme ils ne peuvent pas se déplacer, ils ont du s'adaptés à leur environnement.
Les japonais ont fait un gros travail de sélection des espèces pouvant être formées en bonsai. La flore de l'archipel nippon est pourtant très riche mais ils ont su faire des choix drastiques et se contenter du meilleur. Devrions-nous utiliser que des imports japonais pour faire du bonsai ?
Connaitre une base d'espèces qui sont très adaptées au bonsai ne veut pas dire qu'il faut rejeter en masse tout le reste. Peut-être que nous éliminons certains arbres car nous ne savons pas encore comment faire. Prenons l'exemple du figuier commun (celui qui fait des figues que nous mangeons), il a des feuilles énormes ! Pourtant, en supprimant le bourgeon juste avant qu'il ne s'ouvre on force l'arbre a créer un autre bourgeons et avec des feuilles plus petites. Longtemps le figuier a été ignoré jusqu'à ce que l'on trouve la technique pour nanifier ses feuilles.
Si vous avez envie de faire des tests, amusez vous ! Mais ne passez pas non plus tout votre temps sur ces expérimentations, car souvent ce seront des impasses et au bout de quelques années vous vous percevrez que cela ne mène à rien.
En conclusion, il est possible de former un bonsai avec de très nombreux arbres, arbustes ou encore des lianes. Beaucoup de nos espèces locales sont très bien adaptées, ce qui nous donne largement de quoi créer une belle collection avec beaucoup de diversité.